Le Cafard, mon vieil ami.
Une histoire d'amour entre loups de meute autour d'une carcasse de viande sanguinolente, est-ce possible ?
Non. Si ce n'est une louve qui y laissera peut-être son louveteau se repaître de viande fraîche, poussée par l'instinct.
C'est bien à lui seul, cet instinct animal et maternel que l'humanité doit d'être encore debout.
L'autorégulation des espèces végétales et animales, est une règle froide qui obéit à un équilibre dont l'être humain
d'aujourd'hui tente désespérément de s'extraire. L'humanité n'est pas prête à laisser sa place !
La régulation se fait depuis la nuit des temps, sans sentimentalisme, obéissant à une loi immuable:
il faut qu'une espèce vive ou meure pour la seule et unique raison qu'elle se doit, après avoir mangé, de nourrir à son tour.
Le lion sauvage et magnifique finira par vieillir et nourrir les hyènes, les oiseaux et les fourmis. Son sang, sa viande, sa peau, ses os même,
serviront au grand cycle de la vie. Une ode ancienne à la gloire d'un mouvement fragile et qui se perpétue depuis la nuit des temps.
Hors, armés de notre seule intelligence, de ce que nous appelons avec fierté notre "humanité", nous avons fini par croire que
nous pourrons nous extraire de la condition première propre à toute espèce vivant sur la planète Terre...
Sauf qu'en y regardant à deux fois, notre mode de fonctionnement n'a rien à envier à la froide et systématique loi de l'autorégulation.
L'argent, cette belle abstraction née de millénaires d'échanges de richesses et de connaissances entre peuples, n'est qu'une pâle copie
de la loi naturelle et immuable de l'autorégulation. La seule différence, de taille toutefois, c'est que certains hommes détiennent à eux seuls
assez d'argent et donc de pouvoir, pour influer sur le choix du moment où d'autres hommes disparaîtrons.
Les exemples sont légions, du prix du pétrole au prix des céréales alimentaires.
Il existe déjà une taxe sur l'air pollué par les grandes industries, la même viendra sûrement pour avoir le droit de respirer un air pur,
ou dépollué, comme il en est depuis longtemps pour l'eau.
Il suffira donc d'augmenter considérablement le prix de l'air respirable pour se débarrasser d'une frange de la population...
L'autorégulation naturelle est donc aux mains de l'homme, à condition bien sûr de faire abstraction des catastrophes encore
non monnayables telles les éruptions, les tornades ou les tremblements de terre et les raz de marée...
Une vieille histoire, comme du déjà vu, entre le Veau d'or et les plaies d'Egypte...
Athée ou croyant, il faut nous rendre à l'évidence, l'humanité n'aura finalement rien inventé.
Nous aurons juste été capable d'une prise de pouvoir violente et éphémère...
Le cafard qui me poursuit, cette nuit encore dans ma petite cuisine proprette, a quatre cent millions d'années !
Batistin