Sud-ouest, ce matin, dans le Gers !!!!
Le planning familial menacé de fermeture
Un acquis de quarante ans rayé d'un trait de plume, ou presque. Appliquée depuis 1972 dans le sillage de la loi Neuwirth de 1967, la subvention « au titre I » versée aux structures de « conseil conjugal » - dont le mouvement français du planning familial (MFPF) - vient de faire les frais du zèle gouvernemental.
Soucieux de réduire les dépenses publiques, le gouvernement projette de réduire la subvention « au titre I » à « sa plus simple expression ». De 2,5 millions d'euros à 1,5, soit une baisse de 45 % à prévoir sur le budget global. Tout sauf une paille. « Le gouvernement cherche à faire des économies avec des bouts de chandelle », s'indigne Anne Sabatini, présidente du planning familial du Gers, « mais ce n'est pas en privant le planning d'un million d'euros que l'on va résoudre les problèmes de déficit ».
Pour les soixante-dix structures de la confédération, la pilule est d'autant plus difficile à avaler que le ministère de la Santé a manoeuvré dans leur dos, en catimini. De la base au sommet, personne n'a rien vu venir. « Nous avons été les premiers surpris en apprenant que le texte passait au Sénat », se souvient Anne Sabatini, « l'alerte a ensuite été donnée par le bureau national de l'association ».
Un emploi menacé
Trois ans après sa renaissance portée par une poignée de militantes, l'existence du planning familial du Gers est pour la première fois sérieusement menacé. La subvention « au titre I » finance environ un tiers du budget local estimé à 22 000 euros ; difficile d'imaginer le maintien de son activité de « conseil, d'écoute et de prévention » avec 6 000 euros et un emploi de moins. « Le budget que nous avons réussi à boucler depuis trois ans nous permet d'employer une personne formée à l'information et l'éducation sexuelle dix-huit heures par semaine », reprend Anne Sabatini, « l'idée que l'on puisse perdre cet emploi nous est insupportable ».
Accablée par cette énième menace des droits de la femme - peut-être la plus cynique car semble-t-il « purement financière », la présidente du planning gersois fonde ses derniers espoirs sur la bonne relation que son association a su entretenir avec la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) : « L'attribution du million restant est un vrai jeu de loterie », remarque Anne Sabatini, « certaines antennes toucheront quelque chose, et les autres, rien. La DDASS du Gers a tenu des propos rassurants mais, jusqu'ici, rien n'est encore fait ».
Les incohérences du ministre
Tout invite, il est vrai, à la prudence. À commencer par « les incohérences » du nouveau ministre du Travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, Brice Hortefeux qui annonçait, le 4 février dernier, que « le planning familial bénéficierait de 2,9 millions d'euros alors que, dans sa même réponse, il précisait qu'une partie de ce montant, 2,2 millions, serait affectée à l'ensemble des établissements d'information au conseil conjugal et familial », souligne Anne Sabatini. Un jeu de dupes qui, semble-t-il, ne trompe que son auteur lui-même. « Le gouvernement supprime tout ce qui ne rapporte pas », dénonce la députée socialiste Gisèle Biémouret, « cela va fragiliser toujours plus les précaires ».